burn out 2/3

Publié le par alternativesenmedecinegenerale

la suite de l'annexe 6 de la thèse "état des lieux et perspectives de la MG dans le Roannais"

 

 

  1.  
    1.  
      1.  

        B. Les facteurs associés au Burn Out

On distingue classiquement les causes internes et les causes externes aux soignants qui favorisent l'épuisement professionnel.

  1.  
    1.  
      1.  
        1.  

          a- Causes internes

  1.  
    1.  
      1.  
        1.  
          1.  

            α- Les orientations de carrière

D. Truchot dans son rapport sur le Burn Out en Champagne-Ardennes en 2003 (6) reprend la théorie développée en 1980 par G. Cherniss: les orientations de carrière influencent la sensibilité au Burn Out.

Cherniss a en effet observé qu'il existait quatre types d'orientations de carrière qui pouvaient évoluer au cours de l'exercice:

  • « L’activiste social ou le militant. Critique à l’égard d’une profession qu’il espère transformer, peu soucieux de son statut ou de sa sécurité d’emploi, il cherche tout autant, à travers son travail, à amener un changement social qu’à améliorer la situation de ses patients. Pour cet idéaliste, le travail représente plus un engagement qu’un emploi.

  • Le carriériste. Celui-ci cherche le succès conventionnel. Prestige, responsabilité, sécurité financière, reconnaissance sociale, etc., alimentent et dirigent ses efforts. Animé par un fort désir de comparaison sociale, soucieux de respectabilité sociale et de promotions, ses efforts sont dirigés vers l’obtention de renforcements extérieurs.

  • L’artisan. Avec cette orientation, l’individu valorise le développement de ses compétences. Maîtriser de nouvelles capacités, acquérir de nouvelles connaissances, maintenir une certaine indépendance, tester de nouvelles méthodes, autant de situations que recherchent les individus caractérisés par cette orientation. Pour eux, le travail est l’occasion d’exercer leur savoir faire ou de le développer au cours de nouvelles expériences. Le contenu de l’activité professionnelle, ses qualités intrinsèques, doivent permettre de satisfaire leurs aspirations, leurs normes internes.

  • L’égoïste. Ici, l’important est de satisfaire sa vie personnelle, hors travail. La sphère privée, familiale, les loisirs prennent le pas sur le travail qui n’est qu’un moyen instrumental de faire fructifier la vie privée. En conséquence les personnes qui s’inscrivent dans cette orientation s’engagent relativement peu dans leur travail ». (6)

 

Truchot constate que lors de l'installation pour les médecins de son étude, les deux principales orientations de carrière étaient les activistes (40 %) et les artisans (43 %). Au moment de l'étude ces profils ont changé puisque les activistes ne sont plus que 14 % et les égoïstes sont 35 % tandis que la proportion d'artisans et de carriéristes n'a pas changé.

 

Dans son étude Truchot a montré que:

  • Les artisans sont un groupe protégé du Burn Out (épuisement émotionnel : 22,45 %).

  • Les activistes ont un Burn Out faible avec un accomplissement personnel élevé (épuisement émotionnel : 23,2 %).

  • Les carriéristes sont les plus stressés (épuisement émotionnel : 26,3 %).

  • Les égoïstes sont les moins accomplis : fort épuisement émotionnel (25,71 %), dépersonnalisation élevée, faible accomplissement personnel... (6)

 

  1.  
    1.  
      1.  
        1.  
          1.  

            β- La théorie de l'équité

E. Galam reprend cette théorie également développée par D. Truchot dans son étude sur le Burn Out en Bourgogne (7). Les individus cherchent à maintenir un équilibre entre d’une part leurs investissements et leurs bénéfices et d’autre part les investissements et bénéfices de leur interlocuteur, autrement dits leurs « coûts ». Tout ce qu’on retire en positif de la relation peut être considéré comme un gain : le salaire, le plaisir, la reconnaissance, le bien être, l’expérience acquise. Inversement, l’énergie et le temps dépensé, la fatigue, représentent une dépense.

Lorsque les médecins se sentent sous-bénéficiaires, leur score d’épuisement est significativement plus élevé que lorsqu’ils se sentent en situation d’équité(7).

 

  1.  
    1.  
      1.  
        1.  
          1.  

            γ- Variables socio-démographiques

Il est difficile d’établir des conclusions quant au rôle des variables socio-démographiques sur l’apparition du burn out car les études ont des résultats divergents. (8)

Les résultats au niveau du sexe des médecins sont divergents.(9-12)

Il semblerait qu'il y ait un pic de burn out précoce correspondant à 5 ans après l'installation (7) et un autour des 45-50 ans (13)

L'influence choix du lieu d'installation (rural / urbain) sur le Burn Out donne également des résultats divergents. Plusieurs études ne montrent pas de résultat significatif (7,14).

 

  1.  
    1.  
      1.  
        1.  

          b- Causes externes

Pour P. Davezies (15), les formes de stress en médecine générale sont retrouvées dans d'autres fonctions et professions, mais leur combinaison est originale. Ces stress sont:

  • des interruptions de tâche (téléphone...),

  • la fragmentation de l'activité, le passage d'un cas à l'autre (retrouvé dans les centres d'appel),

  • la nécessité d'une vigilance maintenue sur un fond de consultations banales (retrouvé chez des travailleurs de salles de contrôle dans les secteurs de la chimie ou du nucléaire),

  • des difficultés à maîtriser le temps, peu de créneaux programmés sans consultations,

  • une augmentation de la charge de travail vers le soir avec une pression importante de demandes et de consultations assez répétitives. C'est le « dernier moment, dernier recours avant la nuit ». Refuser ou se tromper à cette heure là est plus susceptible d'avoir des conséquences. (différent des travailleurs cadres: la fin de journée est la période de réflexion sur l'activité de la journée)

  • l'isolement et l'absence de collectif professionnel.

 

Les différentes études réalisées tendent à montrer que c'est la qualité du travail (stress, charge émotionnelle) plus que la quantité de travail qui est source de Burn Out (3, 16, 17).

 

Ainsi un engagement effectif – l’engagement social et professionnel élevé – est associé significativement à un moindre Burn Out, au fait de ressentir davantage des sentiments d’équité et à une moindre envie de quitter la profession (17). Par exemple:

  • Accorder une plus grande importance au fait de s’engager « dans des actions contribuant à l’amélioration du système de santé », ou « dans une relation qui apporte au patient des informations, explications ...» est associé statistiquement à un faible Burn Out.

  • La charge de travail objective (c’est-à-dire son amplitude horaire) élevée est également associée à un moindre Burn Out et à des relations avec les patients perçues comme plus équitables.

  • En revanche, le nombre d’actes réalisés contribue à accroître le Burn Out. (17)

 

Dans l'étude qualitative de V. Moreau sur le Burn Out (18) le premier « agent stresseur » cité par les médecins généralistes est le fait d'être chef d'entreprise avec les contraintes liées à la gestion d'un cabinet. Viennent ensuite la relation médecin-patient et le rapport à l'autorité (CPAM, politiques).

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article