Fin de vie des patients : les généralistes attendent des moyens, pas des reproches !

Publié le par alternativesenmedecinegenerale

CCP de MG France que je partage

en pratique semaine passée : visite d'un patient en HAD, remplaçante MG, j'ai passé 1h30 auprès de la famille pour les accompagner en étant auprès du patient

1h30 non payée car je ne'avais pas les codes de l'ordi d'HAD....

1h30 bénévole... alors oui ce rapport est une nouvelle offense : je suis formée aux soins palliatifs

Qu'on regarde les vrais problèmes :

 

-quel accompagnement de la famille pour tolérer ses fins de vie qui durent

-quel moyen humain et financier

-quel soutien autour de la famille

-quel financement

 

Un énième comité Théodule vient de publier un rapport sur la fin de vie (1). Partant du constat, partagé par tous, que le désir commun de mourir chez soi n’est pas toujours possible, ce rapport analyse les causes et les remèdes à apporter à ce parcours de fin de vie.
Le médecin généraliste, « débordé », « mal formé », « ayant peu l’habitude de ces situations » est montré du doigt ! Au chapitre des solutions, on nous propose une structure de coordination professionnalisée, avec un guichet unique d’information sur les ressources existantes. Structure dont nous prévoyons tous l’admirable réactivité, totalement (in)adaptée à l’urgence des situations de fin de vie !!
Certes, une formation des généralistes est nécessaire. Mais alors pourquoi avoir taillé des coupes franches dans notre FMC ?
Certes, une veille téléphonique est indispensable ! Une structure de coordination ferait ainsi mieux que les 55 000 généralistes qui gèrent quotidiennement ces situations ?
Mais nous rappellerons que depuis toujours le médecin de famille accompagne ses patients jusqu’au bout. Prétendre le contraire est nier la réalité du terrain. La société française a trop longtemps compté sur le « sacerdoce » des médecins généralistes.
Cet accompagnement de fin de vie, délicat et souvent lourd à gérer, est une activité non valorisée qui doit l’être à l’avenir. Car 33 euros pour une visite en HAD, toujours longue et souvent complexe, relève surtout du bénévolat !

MG France, au nom de tous les MG qui exercent leur difficile métier, proteste énergiquement contre cette façon de « saucissonner » la pratique de la médecine générale. Il faut donner des moyens nouveaux aux généralistes, et non les dénigrer comme cela vient d’être fait dans ce rapport sur la fin de vie.
Il faut rémunérer les diverses activités des MG au lieu d’inventer une nouvelle « usine à gaz » qui ne leur apportera aucune contrepartie, hormis un nouvel imprimé pour y inscrire le patient. Un patient qui disparaîtra brutalement de leur horizon, alors même qu’ils l’ont accompagné et soigné des années durant !
Notre profession vit un profond « ras le bol » face à cette tentation permanente des élites gouvernantes de vendre la médecine générale par appartements !

J-C Calmes,
Généraliste à Frontignan (34)

(1) Sicard D. Penser solidairement la fin de vie, Commission de réflexion sur la fin de vie en France, rapport remis au président de la République le 18 décembre 2012. 282 p.

Publié dans Pensées d'actualité

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